AOC N° 9 : BASSAM EL-ABSI (BEA)

Quelques éléments sur la protection de ce radiologue prédateur sexuel par l’ordre des médecins.

Contribution de Bernard COADOU bercoadou@gmail.com actualisée au 21-2-25

Une radiation ordinale sans histoire ?

Nous avons été informés sur cette affaire girondine par l’article de Mr Dominique RICHARD dans le Journal Sud-Ouest du 2 juin 2019 ; il sera complété rapidement par d’autres publications, dont celle du Parisien du 4 juin.

Ces articles évoquaient la radiation ordinale d’un médecin radiologue de Langon (Gironde), Bassam EL-ABSI, dans la suite de son passage en chambre disciplinaire de l’ordre régional des médecins en mai 2019. (Il fera appel, cette décision de radiation sera confirmée par la chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins en janvier 2021).

La clarté du dossier semblait établie et pouvait se résumer alors ainsi: - Fin 2016, l’une des patientes du Dr EL ABSI a déposé plainte pour des agressions sexuelles auprès de la gendarmerie de Sauveterre-de-Guyenne ;
-Le conseil départemental de l’ordre des médecins a saisi sa chambre disciplinaire en septembre 2018 ;

-Il peut dire qu’il a agi plus rapidement et plus efficacement que la justice commune... !

Une affaire qui durait en fait depuis 2002 !

Mais la réalité est plus complexe ; elle mérite d’être précisée et questionnée :

-les premières plaintes sont en fait plus anciennes ; un médecin du territoire concerné (souhaitant conserver l’anonymat) nous a informés de son alerte auprès de l’ordre des médecins de Gironde en octobre 2002, après le témoignage d’une de ses patientes qui avait consulté le Dr EL ABSI (B.E.A.) pour une échographie à cette date ; elle l’accusait d’agression sexuelle et de viol.

- dans les années qui ont suivi, cinq patientes et deux secrétaires ont successivement et exclusivement alerté le conseil de l’ordre des médecins de gironde qui reconnaît avoir reçu ces différentes plaintes. Selon ses habitudes, il a organisé des conciliations (plutôt malvenues selon nous... !) à plusieurs reprises, entre la victime déclarée et le médecin accusé.

Ces différents signalements n’ont eu aucune conséquence pendant 16 ans.

Il apparaît donc que le conseil de l’ordre des médecins de Gironde s’est décidé à mieux écouter la parole des personnes victimes après que la Justice Pénale Républicaine ait été saisie, en septembre 2018 (au moment où le Dr B.E.A. prenait sa retraite ... !).

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Pourquoi une telle impunité ordinale pendant 16 ans ? :

Malgré plusieurs demandes, nous n’avons pas pu avoir accès aux délibérations qui ont suivi les différentes plaintes reçues par l’ordre des médecins et qui expliquent le choix répété de l’immobilisme et de l’impunité pour B.E.A.

Ces décisions ordinales ne nous étonnent pas, elles correspondent à ce qui a été dénoncé par le rapport de la Cour des Comptes de décembre 2019 ; il mettait alors en exergue, entre autres, cette faillite dans le traitement des plaintes à caractère sexuel concernant des médecins criminels, après enquête de 2014 à 2017 auprès d’une partie des conseils départementaux et régionaux et du conseil national de l’ordre. Cette tendance à la protection confraternelle est depuis illustrée dans de nombreux autres dossiers, la plupart restants peu connus. Il semble qu’une commission d’enquête soit nécessaire pour compléter le bilan...

Dans la présente affaire EL ABSI, le revirement du conseil ordinal girondin qui dépose plainte lui-même en sept. 2018 auprès de sa chambre disciplinaire nous étonne encore, à propos de « faits qui n’avaient pas été, jusque-là, jugés répréhensibles » et qui subitement le devenaient... !

Les enseignements à retenir de cette affaire

Au-delà de ce traitement ordinal, la procédure judiciaire pénale déclenchée en 2016 s’est poursuivie. B.E.A. est passé en Cour d’Assises à Bordeaux en février 2023. La mobilisation associative y a soutenu les personnes victimes et dénoncé avec elles cette complicité ordinale :B.E.A. a été condamné à 17 ans d’emprisonnement et a fait appel. Il a été libéré de sa détention préventive au bout de 6 mois.

En décembre 2024, la Cour d’Appel de la Charente a alourdi la sanction à 18 ans d’emprisonnement ; elle est actuellement réalisée.

L’image de l’ordre des médecins ne ressort pas grandie de cette affaire ; il est de moins en moins perçu comme un recours possible à saisir par les personnes victimes de médecins prédateurs sexuels...

Et l’intérêt de maintenir des structures disciplinaires de ce type, qui dysfonctionnent à ce point (et qui souvent ont détourné les personnes victimes d’une démarche pénale) est de plus en plus questionné.

Les réactions publiques des dirigeants ordinaux sur ce dossier qu’ils n’ont pu laisser dans le déni et l’oubli semblent donner raison à nos réflexions :

Les réactions ordinales lors des procès d’Assises (fév.

2023 à Bordeaux) et d’Appel (déc. 2024 à Angoulême)

Fabrice BROUCAS , en tant que président de l’ordre départemental des médecins de gironde, dans le journal Sud Ouest du 3 mars 2023, reconnait que « la procédure interne de l’ordre n’est pas adaptée aux affaires de type viol ou agression sexuelle.......la procédure est écrite mais sans pouvoir d‘investigation, il y a juste une confrontation entre les parties. Donc c’est parole contre parole ».

 Marie-Pierre GLAVIANO-CECCALDI et Jean-Marcel MOURGUES, porte parole de l’ordre national des médecins dans le documentaire « Des blouses pas si blanches », diffusé par M6 en mai 2024, reconnaissent que « l’affaire El Absi est un dossier malheureusement emblématique, dans le mauvais sens...Oui, oui, clairement, il y a eu un dysfonctionnement » ... tout en assurant que « maintenant, ce sera la tolérance zéro ».

Albert ROCHE, ancien président de l’ordre des médecins de gironde (de 2012 à 2018), interrogé par la Présidente de la Cour d’Appel de Charente (« en visio ») le lundi 2 décembre 2024 lors du procès à Angoulême, reconnaît que «Les faits sont inexcusables et les décisions de l’ordre de ne pas donner suite aux plaignantes inexplicables... ».

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