Après le rapport accablant de la cour des comptes paru en décembre 2019, l’ordre des médecins tente de se justifier et réaffirme être au service des médecins dans l'intérêt des patient·e·s. Comme pour l'ensemble des ordres des professions de santé, l'ordre des médecins se présente comme indispensable. Qui l'ordre sert-il vraiment ? Dans l'intérêt de qui ?
*1) L'ordre des médecins affirme représenter l'ensemble des médecins et se targue de pouvoir ainsi conseiller les pouvoirs publicsMais l'unité professionnelle qu'il affiche est factice. L'obligation faite à chaque médecin de s'y inscrire pour pouvoir travailler conduit l'ordre à être de fait un syndicat obligatoire. Les médecins ne choisissent donc pas d'être représenté.e.s par l'ordre, ils et elles y sont contraint.e.s. Et encore représentés est un grand mot, puisque la participation aux élections départementales est à moins de 30%. Les autres élections sont pyramidales. La démocratie à l'ordre n'est donc ni directe ni représentative.
Le rapport de la cour des comptes montre bien que sa gouvernance est sociologiquement peu représentative de l'ensemble des médecins en exercice et surtout qu'elle est fermée avec des cumuls de mandats très fréquents.
Nous sommes donc en droit de nous demander à qui bénéficient les "conseils" de l'ordre des médecins, a fortiori face à la désorganisation territoriale des soins de premiers recours mais aussi de second recours, sans parler de la crise majeure que traverse l’hôpital public.
L'ordre a longtemps pris position contre l'exercice collectif de la médecine, il fait aujourd'hui preuve d'un silence assourdissant face à la privatisation à peine masquée de l'hôpital.
Les institutions publiques n'ont visiblement pas besoin de l'ordre pour les "conseiller" et s'intéressent plus aux notes de think-tanks libéraux qu'aux commissions obscures de l'ordre. Les médecins ont toute liberté pour adhérer à des syndicats qui se chargent déjà de les représenter et de défendre leurs intérêts.
*2) L'ordre des médecins se présente comme le garant de la déontologie dans le double but de veiller à la qualité des soins et de défendre l'indépendance et l'honneur de la profession.De quelle qualité des soins parle-t-on lorsque l'ordre des médecins conteste le droit à l'IVG pour toutes les femmes ? ou bien lorsqu'il s'oppose au tiers-payant, outil pourtant indispensable à un accès aux soins pour toutes et tous ? Le président actuel de l'ordre des médecins défend ainsi l'existence des dépassements d'honoraires (dont il bénéficie lui-même dans son exercice professionnel) alors que cette pratique remet explicitement en cause l'égalité d'accès à des soins de qualité pour tou·te·s.
De quelle indépendance parle-t-on lorsque l'ordre se montre complaisant vis-à-vis des pratiques corruptives exercées par l'industrie pharmaceutique au profit des médecins ?
De quel honneur parle-t-on lorsque l'ordre des médecins couvre des soignants violeurs et pédophiles, pourtant dénoncés par les patient·e·s victimes ?
Le code de déontologie étant inscrit dans le code de santé publique, le droit commun peut tout à fait en être le garant. Les évolutions pourraient se faire dans un processus concerté entre profesionnel·le·s et usager·e·s du système de santé avec le concours du comité national d'éthique, comme ce fut le cas pour les dernières lois de bioéthique.
*3) L'ordre des médecins met en avant sa capacité de conseil juridique lors des démarches d'installation, sur les différents statuts ou bien contrats.Sur les différents aspects juridiques ou statutaires, d'autres organisations telles les Unions Régionales des Professionnel·le·s de Santé, les syndicats ou les plateformes d'installation des ARS sont parfaitement aptes à renseigner les médecins.
*1) L'ordre des médecins affirme représenter l'ensemble des médecins et se targue de pouvoir ainsi conseiller les pouvoirs publicsMais l'unité professionnelle qu'il affiche est factice. L'obligation faite à chaque médecin de s'y inscrire pour pouvoir travailler conduit l'ordre à être de fait un syndicat obligatoire. Les médecins ne choisissent donc pas d'être représenté.e.s par l'ordre, ils et elles y sont contraint.e.s. Et encore représentés est un grand mot, puisque la participation aux élections départementales est à moins de 30%. Les autres élections sont pyramidales. La démocratie à l'ordre n'est donc ni directe ni représentative.
Le rapport de la cour des comptes montre bien que sa gouvernance est sociologiquement peu représentative de l'ensemble des médecins en exercice et surtout qu'elle est fermée avec des cumuls de mandats très fréquents.
Nous sommes donc en droit de nous demander à qui bénéficient les "conseils" de l'ordre des médecins, a fortiori face à la désorganisation territoriale des soins de premiers recours mais aussi de second recours, sans parler de la crise majeure que traverse l’hôpital public.
L'ordre a longtemps pris position contre l'exercice collectif de la médecine, il fait aujourd'hui preuve d'un silence assourdissant face à la privatisation à peine masquée de l'hôpital.
Les institutions publiques n'ont visiblement pas besoin de l'ordre pour les "conseiller" et s'intéressent plus aux notes de think-tanks libéraux qu'aux commissions obscures de l'ordre. Les médecins ont toute liberté pour adhérer à des syndicats qui se chargent déjà de les représenter et de défendre leurs intérêts.
*2) L'ordre des médecins se présente comme le garant de la déontologie dans le double but de veiller à la qualité des soins et de défendre l'indépendance et l'honneur de la profession.De quelle qualité des soins parle-t-on lorsque l'ordre des médecins conteste le droit à l'IVG pour toutes les femmes ? ou bien lorsqu'il s'oppose au tiers-payant, outil pourtant indispensable à un accès aux soins pour toutes et tous ? Le président actuel de l'ordre des médecins défend ainsi l'existence des dépassements d'honoraires (dont il bénéficie lui-même dans son exercice professionnel) alors que cette pratique remet explicitement en cause l'égalité d'accès à des soins de qualité pour tou·te·s.
De quelle indépendance parle-t-on lorsque l'ordre se montre complaisant vis-à-vis des pratiques corruptives exercées par l'industrie pharmaceutique au profit des médecins ?
De quel honneur parle-t-on lorsque l'ordre des médecins couvre des soignants violeurs et pédophiles, pourtant dénoncés par les patient·e·s victimes ?
Le code de déontologie étant inscrit dans le code de santé publique, le droit commun peut tout à fait en être le garant. Les évolutions pourraient se faire dans un processus concerté entre profesionnel·le·s et usager·e·s du système de santé avec le concours du comité national d'éthique, comme ce fut le cas pour les dernières lois de bioéthique.
*3) L'ordre des médecins met en avant sa capacité de conseil juridique lors des démarches d'installation, sur les différents statuts ou bien contrats.Sur les différents aspects juridiques ou statutaires, d'autres organisations telles les Unions Régionales des Professionnel·le·s de Santé, les syndicats ou les plateformes d'installation des ARS sont parfaitement aptes à renseigner les médecins.
*4) L'ordre souligne sa capacité d'entraide pour les professionnel·le·s en difficulté et /ou leur famille grâce à des fonds dédiés.Le rapport de la cour des comptes montre explicitement que les premiers bénéficiaires de cette "entraide" sont les conseillers ordinaux eux-mêmes avec des indemnités pouvant aller jusqu'à près de 10 000€ /mois bruts pour le président national qui exerce cette fonction "bénévolement" ! L'ordre semble être aujourd'hui dans l'incapacité de rendre des comptes clairs et exhaustifs sur son patrimoine, pourtant accumulé grâce aux cotisations (obligatoires !) des médecins. Quelle drôle de solidarité !
*5) L'ordre des médecins dit veiller au maintien de la compétence et de la probité du corps médical.En réalité il se montre incapable d'identifier les situations problématiques liées à des praticien·ne·s dont l’insuffisance professionnelle ou l’état de santé rendent dangereux l’exercice de la médecine. Malgré sa volonté affichée d'assurer la gestion de la formation continue (DPC), il ne porte à ce jour aucun regard sur les obligations légales de formation qui incombent à chaque médecin.
Les inscriptions au tableau valant droit d'exercer pourraient être gérées par le ministère de la santé (via les ARS ? ou tout autre organisme public ?) sous forme d'un registre. Ce dernier vérifierait alors la validation de la formation initiale puis le contrôle de l'obligation de la formation continue (possiblement en lien avec l'ANDPC qui agrée déjà la plupart des organismes de formation).
Les médecins sont des humain·e·s comme les autres, c'est pourquoi ils/elles ont besoin, non pas d’un ordre professionnel, mais d'un véritable service de santé au travail pour les accompagner en cas de diminution de leurs facultés physiques et/ou psychiques.
*6) L’ordre déclare également assurer un rôle d’instance disciplinaire pour les médecins qui ne respecteraient pas les principes de la déontologie.Mais il s'agit d'une justice d'apparat sans compétence juridique réelle. Les jugements sont rendus sans possibilité d'enquête, donc sans contrôler si les faits sont établis! Les chambres de conciliation appliquent un pseudo respect du contradictoire en contrevenant ouvertement au respect du secret médical. Ce qui aboutit d'un côté à une "tolérance" vis-à-vis de médecins ayant commis des actes violents envers des patient·e·s et de l'autre côté à la condamnation des médecins qui ont établi un lien entre des pathologies et des conditions de travail, c'est-à-dire pour avoir utilisé leurs compétences médicales et fait leur travail.
Cette justice d'exception se fait au détriment des intérêts publics et des patient·e·s; elle n'a donc aucune raison d'être.
Le droit commun (pénal et/ou civil) est parfaitement capable de remplir ces fonctions juridiques à condition qu'on lui donne les moyens associés, notamment la possibilité de prononcer des sanctions limitant l'exercice médical.
Ces différents éléments prouvent l'inutilité de l'ordre puisqu'il se montre incapable de réaliser les missions qui lui sont confiées (voire qu'il s'est arrogées lui-même), et qu'il existe déjà des institutions (ou des organismes publics) pouvant les assurer, sous réserve de leur donner les moyens humains et financiers à la hauteur.
Nous insistons sur le fait que cette institution protège des professionnel·le·s de santé corrompu·e·s et maltraitant·e·s, tout en maltraitant des usager·e·s du système de soin et des professionnel·le·s qui tentent de respecter leur éthique professionnelle.
Nous demandons donc sa dissolution immédiate et appelons l'ensemble des professionnel·le·s concerné·e·s et plus largement la société tout entière à s'emparer de ce sujet car la santé est une question bien trop sérieuse pour la confier aux seul·e·s médecins.
*5) L'ordre des médecins dit veiller au maintien de la compétence et de la probité du corps médical.En réalité il se montre incapable d'identifier les situations problématiques liées à des praticien·ne·s dont l’insuffisance professionnelle ou l’état de santé rendent dangereux l’exercice de la médecine. Malgré sa volonté affichée d'assurer la gestion de la formation continue (DPC), il ne porte à ce jour aucun regard sur les obligations légales de formation qui incombent à chaque médecin.
Les inscriptions au tableau valant droit d'exercer pourraient être gérées par le ministère de la santé (via les ARS ? ou tout autre organisme public ?) sous forme d'un registre. Ce dernier vérifierait alors la validation de la formation initiale puis le contrôle de l'obligation de la formation continue (possiblement en lien avec l'ANDPC qui agrée déjà la plupart des organismes de formation).
Les médecins sont des humain·e·s comme les autres, c'est pourquoi ils/elles ont besoin, non pas d’un ordre professionnel, mais d'un véritable service de santé au travail pour les accompagner en cas de diminution de leurs facultés physiques et/ou psychiques.
*6) L’ordre déclare également assurer un rôle d’instance disciplinaire pour les médecins qui ne respecteraient pas les principes de la déontologie.Mais il s'agit d'une justice d'apparat sans compétence juridique réelle. Les jugements sont rendus sans possibilité d'enquête, donc sans contrôler si les faits sont établis! Les chambres de conciliation appliquent un pseudo respect du contradictoire en contrevenant ouvertement au respect du secret médical. Ce qui aboutit d'un côté à une "tolérance" vis-à-vis de médecins ayant commis des actes violents envers des patient·e·s et de l'autre côté à la condamnation des médecins qui ont établi un lien entre des pathologies et des conditions de travail, c'est-à-dire pour avoir utilisé leurs compétences médicales et fait leur travail.
Cette justice d'exception se fait au détriment des intérêts publics et des patient·e·s; elle n'a donc aucune raison d'être.
Le droit commun (pénal et/ou civil) est parfaitement capable de remplir ces fonctions juridiques à condition qu'on lui donne les moyens associés, notamment la possibilité de prononcer des sanctions limitant l'exercice médical.
Ces différents éléments prouvent l'inutilité de l'ordre puisqu'il se montre incapable de réaliser les missions qui lui sont confiées (voire qu'il s'est arrogées lui-même), et qu'il existe déjà des institutions (ou des organismes publics) pouvant les assurer, sous réserve de leur donner les moyens humains et financiers à la hauteur.
Nous insistons sur le fait que cette institution protège des professionnel·le·s de santé corrompu·e·s et maltraitant·e·s, tout en maltraitant des usager·e·s du système de soin et des professionnel·le·s qui tentent de respecter leur éthique professionnelle.
Nous demandons donc sa dissolution immédiate et appelons l'ensemble des professionnel·le·s concerné·e·s et plus largement la société tout entière à s'emparer de ce sujet car la santé est une question bien trop sérieuse pour la confier aux seul·e·s médecins.
Dr Bernard COADOU, Médecin retraité, Bordeaux (33), Secrétaire général du MIOP1, membre du SMG2
Dr Georges Yoram Federmann, Psychiatre (63), Membre du Formindep
Dr Gilles Thomas, Gynécologie obstétricien, (66), Membre du Formindep
Dr Léa DUVAL, médecin généraliste en Ariège (09), membre du SMG
Dr Odette Tencer, médecin du travail retraitée Vaux le Pénil (77), membre du bureau du MIOP
Dr Patrick Wiener, médecin généraliste (56), secrétaire adjoint du MIOP
Dr Claire Noblins, vétérinaire, Courchevel (73), membre du bureau du MIOP
Dr Martine Lalande Médecin généraliste à Gennevilliers (92), membre du SMG et du MIOP
Dr François Meuret médecin généraliste retraité Nantes (44), membre du SMG et du MIOP
Dr Monique BIANCHIN médecin généraliste retraitée, Beaulieu (07), membre du SMG
Dr Marie Kayser Médecin généraliste retraitée, Saint Jean de Boiseau (44), membre du SMG
Mr Benoit Blaes, Médecin remplaçant non thésé, présidence du SNJMG 3Dr Sayaka Oguchi, Médecin généraliste, trésorière du SNJMG
Dr Aron Julien, Néphrologue (75), membre du SNJMG
Mme Emmanuelle Witte Lebhar, interne en médecine générale, membre du SNJMG
Mme Muriel Londres, E-Patiente, (75)Collectif “Pour une M.E.U.F.” 4Collectif des médecins CGT-UFMICT 5
Collectif "La psychiatrie parisienne unifiée"
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