Affaire d’Omerta Confraternelle :
Vinh TRAN PHUOC ( VTP) 2000 - 2022
Quelques éléments sur la protection de ce gynécologue prédateur sexuel
par l’Ordre des médecins.
Le parcours personnel et professionnel de Vinh TRAN PHUOC
Né en 1951, le Dr V.T.P. a exercé comme gynécologue dans le Val d’Oise à Domont. Sa fin de carrière professionnelle s’est réalisée dans ce cabinet médical du 1 Rue de la Gare (près de la Gare de Domont) où il s’était installé en 1995. Auparavant, il exerçait depuis 1982 à quelques centaines de mètres de là. Il revendiquait une pratique de la gynécologie « plus douce que celles de ses confrères ». Une méthode « asiatique » selon ses propres termes, évoquant ses origines vietnamiennes, « utilisant des pratiques spécifiques pour détendre ses patientes ».
Les ennuis judiciaires de Vinh TRAN PHUOC :
Le 13 juin 2013, une femme vient déposer plainte à la gendarmerie de Montmorency, dans le Val-d’Oise. Elle concerne le docteur VTP qu’elle accuse de l’avoir violée dix jours avant, lors d’une consultation à son cabinet médical de Domont. Elle explique aux gendarmes que la veille, elle s’était confiée à deux amies dont l’une lui a affirmé que sa mère, vingt ans auparavant, avait subi une agression de la part de ce même médecin. L’autre lui a raconté qu’elle l’avait elle-même consulté avant d’arrêter de le voir car elle n’avait « plus confiance ». Elle a ainsi été convaincue qu’elle n’a pas rêvé, que c’est grave.
Cette plainte est la première d’une série de 118 qui vont être déposées entre 2013 et 2016 par 86 anciennes patientes de ce gynécologue. Elle va déclencher une information judiciaire puis une enquête judiciaire ouverte en juillet 2014. Le Dr VTP est interpellé à son cabinet par les hommes de la brigade de recherche de Montmorency. Dans la suite de sa garde à vue, il est mis en examen pour 75 viols et 14 agressions sexuelles, « commis par une personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction ». Il est alors placé sous contrôle judiciaire, interdit d'exercer la médecine et de séjourner dans le Val-d'Oise.
En avril 2021, un total de 118 plaintes a été retenu, déposées par 86 anciennes patientes. S’y ajouteront en septembre dernier 43 nouvelles plaintes transmises au Juge d’Instruction par le Procureur. L’instruction dure toujours. Depuis 2013, 7 465 anciennes patientes ont été contactées, 251 ont été auditionnées et 160 estiment avoir été victimes du praticien.
Entre autres témoignages, celui de Dominique, quadragénaire, dont la violence du récit est notable :
« En octobre 2013, il a profité lors de la pose d’un stérilet, j’étais dans les vapes.... Pourtant, j’avais confiance. Vous savez, la blouse blanche... ».
Elle affirme que le Dr T. l’a violée à son cabinet de Domont. Elle raconte comment, terrassée par la douleur de l’intervention, elle s’est évanouie, puis s’est réveillée, nue sur la table d’examen, seule face à ce médecin penché sur elle :
« Je ne voulais pas qu’il me caresse les seins, le ventre. Il a essuyé mes larmes. Puis il a introduit ses doigts. Il me faisait des bisous, me caressait le clitoris, la vulve. Je reperdais connaissance. J’étais comme en dehors de mon corps, tétanisée. Je me disais : “Non, ce n’est pas en train d’arriver. Il n’est quand même pas en train de me violer ?” »
Certaines des victimes présumées décrivent des claques sur les fesses, des touchers vaginaux « en va-et-vient » pendant de longues minutes, des caresses et des baisers sur la vulve ou le clitoris.
Le gynécologue n’aurait pas visé un profil de patiente en particulier, mais il aurait une façon de procéder similaire, d’après le récit des femmes entendues par les enquêteurs. D’abord froid et distant, il changerait de comportement au cours de l’examen. « Dès que j’ai commencé à me dévêtir, il est devenu souriant. Sa voix avait changé, elle était plus douce. Il semblait excité », a expliqué l’une des plaignantes aux enquêteurs. L’homme ne serait pas physiquement brutal, mais au contraire, « trop doux », « à la manière d’un amant », selon les mots des plaignantes. « Les victimes du docteur disent de lui qu’il met en confiance afin de mieux pouvoir abuser d’elles », écrivent les gendarmes dans un procès-verbal en 2019.
L’attitude de l’ordre des médecins dans ce dossier :
Nous n’avons bien sûr qu’une partie des éléments d’enquêtes relatifs à ce dossier. Mais ce qui a été publié nous autorise à dire que, depuis 2000, plusieurs plaintes pour agressions sexuelles ont été déposées contre lui et ont été classées sans suite.
Entre autres des signalements devant le conseil de l’ordre des médecins du Val d’Oise ont été engagées contre lui pour des faits similaires, la première remontant à 2000 (à la suite de trois signalements), mais aucune n’a abouti.
L’avocat de VTP, Me Jean Chevais, a confirmé en avril 2015 auprès de la Rédaction du PARISIEN, que deux patientes avaient saisi par le passé le conseil de l'ordre des médecins.
« Je l'ai alors assisté et il avait été blanchi. »
L’accusé lui-même nous a confirmé en novembre 2021 avoir eu à répondre à deux procédures disciplinaires :
- « La première suite à une plainte du CDOM au Conseil Régional qui l’a débouté dans les années 2000 ;
- La deuxième suite à une plainte d’une patiente qui a été transmise par le CDOM au Conseil Régional sans s’y associer : la plainte a été rejetée en 2009 ainsi qu’en appel devant le Conseil National en 2010 »
Ce nouveau dossier nous permet donc de questionner une fois de plus cette omerta ordinale, en reprenant la conclusion du Dr Jean Yves NAU dans son article publié sur son blog le 4 avril 2015 : « C’est écrit : le passé ordinal va ressurgir. Hier muet, l’Ordre devra parler. Et la justice passer ».
SOURCES
LE PARISIEN 4 avril 2015
Jean Yves NAU sur son Blog - 4 avril 2015
Site LES JOURS octobre 2021 Articles de Pierre BAFOIL
EGORA 14-10-2021 par A.M.
JIM 15-10-21 Quentin HAROCHE
LIBERATION 13 octobre 2021
L’OBS 14 octobre 2021
Site numérique du Dr Vinh TRAN PHUOC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire